
Culture & Mode de vie
Vught Brabant-Septentrional
Kamp Vught, situé près de Bois-le-Duc, fut le seul camp de concentration SS établi aux Pays-Bas durant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1943 et 1944, plus de 35 000 personnes y furent emprisonnées, dans des conditions souvent inhumaines. Le site abrite aujourd’hui un mémorial national.
Officiellement nommé « Konzentrationslager Herzogenbusch », le camp de Vught est mis en service en janvier 1943 à l’initiative des autorités SS. Situé à proximité de la ville de Vught, le camp est placé sous la direction de Karl Chmielewski. Dès le début, il accueille des milliers de prisonniers, notamment transférés depuis Amersfoort, souvent forcés de participer à la construction du camp.
Le camp enferme environ 35 000 personnes, dont 12 000 Juifs, ainsi que des opposants politiques, Roms, homosexuels, témoins de Jéhovah, vagabonds ou prostituées. Le contrôle direct est assuré par des kapos, souvent issus du milieu criminel, sous l’autorité de gardiens SS néerlandais et allemands.
Le camp est divisé en plusieurs secteurs : zone pour femmes, secteur juif, camp des otages, etc. Les détenus sont soumis au travail forcé, notamment dans des ateliers où ils démontent des avions ou travaillent la fourrure. L’entreprise Philips y installe un atelier spécial, où les conditions sont moins brutales, mais restent sous contrôle nazi. Certains détenus sabotent volontairement la production de lampes de poche pour résister symboliquement.
Le 15 janvier 1944, 74 femmes sont enfermées dans une cellule de 9 m² pour avoir manifesté leur solidarité avec une codétenue. Après 14 heures sans ventilation, dix d’entre elles meurent asphyxiées. Ce drame, connu sous le nom de « Bunkerdrama », provoque une onde de choc et entraîne le remplacement du commandant Adam Grünewald.
En juin 1943, plus de 1 200 enfants juifs sont déportés vers Sobibor, où aucun ne survit. Des étudiants sont également enfermés en représailles à un attentat contre un collaborateur. Le camp devient un point de transit vers les camps de la mort, avec notamment des transferts vers Westerbork, Auschwitz, Dachau ou Ravensbrück. Plus de 700 personnes y perdent la vie, dont 117 exécutées en seulement deux jours, les 4 et 5 septembre 1944.
Les 5 et 6 septembre 1944, le camp est évacué : 2 900 hommes sont envoyés à Sachsenhausen, 640 femmes à Ravensbrück. Le 26 octobre 1944, les troupes canadiennes découvrent un camp vide. En 1947, un monument y est inauguré par la princesse Juliana.
Kamp Vught est désormais un lieu de mémoire, abritant le Nationaal Monument Kamp Vught, mais aussi une prison et d’autres installations. L’histoire du camp reste un témoignage poignant des crimes nazis sur le sol néerlandais.